Truchement ou trucheman
Emprunté du nom arabe tarjoman, qui signifie "interprète, traducteur", le nom truchement a eu longtemps une orthographe flottante : il est écrit trucheman dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française en 1694 ; truchement en 1718 et 1740, trucheman ou truchement en 1762, 1798, 1835, 1878 et chez Littré, la syllabe finale man, conforme à l’étymologie, étant devenue ment par confusion avec le suffixe – ment
Au XIIe siècle, il est attesté au sens "d’interprète" dans La Prise d’Orange : "drugement sommes d’Afrique et d’outre mer" (cf. Montaigne : "je parlai à l’un des Indiens d’Amérique fort longtemps ; mais j’avais un truchement qui me suivait si mal.... que je n’en pus tirer guère de plaisir
Au XVe siècle, Charles d’Orléans l’emploie au sens de "personne qui parle à la place d’une autre, porte-parole, représentant" : "Et qui n’a pas langage en lui / Pour parler selon son désir / Un truchement lui faut quérir". Au milieu du XVIe siècle, il s’enrichit d’une nouveau sens : "ce qui exprime, fait comprendre, connaître" : "il n’est point de meilleur truchement des lois que la coutume" et "la parole , c’est le truchement de notre âme" (1580, Montaigne
La fonction : "c’est un qui interprète les langages inconnus respectivement de deux ou plusieurs personnes de diverse langue conférant ensemble". Il ajoute : "selon ce, on dit qu’un prince et un ambassadeur ont parlé par trucheman, c’est-à-dire, par interposition d’un qui exposait tant leur langage inconnu à celui à qui ils parlaient que le parler à eux inconnu de celui qui leur faisait réponse". Comme le mot n’est pas latin, Nicot s’attarde sur son origine : "il vient du mot chaldéen targeman, qui signifie "expositeur", lequel vient de targum, mot chaldéen aussi, qui signifie exposition d’une langue en autre" (autrement dit : traduction